Après plusieurs lectures du parchemin, ma décision était prise. C’est ainsi que dès le lendemain je pénétrai le labyrinthe pour me rendre au Mordor, quelques lames affûtées dissimulées sous ma cape et une bourse lourde de quelques pièces d’or.
Je n’eus aucun mal à trouver l’antre de Mélérys, une seule chaumière se dressait parmi quelques tentes dans les couloirs sombres du sud du Mordor. Personne n’avait idée à élire domicile fixe dans pareil endroit.
Non sans avoir avalé rapidement une petite fiole sombre, je frappai trois coups sur la porte de bois où était accroché un panonceau : Mélérys, hypnotiseur blablabla…
La porte s’ouvrit sur ledit hypnotiseur qui afficha un sourire moqueur en découvrant la brunette de la veille.
Voilà comment je me suis retrouvée, confortablement enfoncée dans un fauteuil à bascule avec le vieux penché au-dessus de moi.
MAIS TU VAS TE CONCENTRER BON SANG !!! Se concentrer… se concentrer… facile à dire hein quand un mec louche vous colle son visage hideux sous le nez et plonge ses yeux dans les vôtres. *Inévitable explosion de rire*
Il a alors sorti un pendentif en métal et de forme cylindrique qu’il a fait balancer devant mes yeux. Face à ma méfiance affichée, il m’a expliqué que c’était un pendule. Sans comprendre le rapport avec l’heure, mes yeux ont donc cherché les aiguilles…
Les aiguilles sont restées introuvables mais j’ai trouvé du coton. Oui, le coton du fauteuil dans lequel je m’enfonçais un peu plus à chaque seconde. Le coton de mon esprit qui semblait m’échapper. Je flottais sur un océan de coton. L’envie irrépressible de le tuer me prit. Il m’avait mise dans un état de complète vulnérabilité mais j’étais enlisée dans le coton jusqu’au cou.
*Trou noir*
J’ouvre doucement les yeux et découvre en premier plan le visage du vieux exprimant une fatuité qui m’exaspère. Je bondis. Enfin j’me vois bondir alors que mon corps me suit derrière, tout doucement. Quelques fourmillements assaillent mes membres dont je retrouve progressivement l’usage. Il s’écarte en souriant et me lâche :
Ca fera ******** pièces d’or. Hein ? Non mais ça va pas ! ******** pièces d’or pour m’avoir endormie ! Qui est ton père ? Krocker. C’est sorti tout seul.
Quoi ? Comment ? Krocker ? Assaillie par une cascade de souvenirs, je lui jette ma bourse et sort rapidement de la chaumière alors qu’il me hurle
Hé oui ! L’hypnose est la panacée à tous nos maux ! Je quitte à toute vitesse le labyrinthe pour retrouver la lumière et m’assois près des effrits. Je suis submergée par une vague de souvenirs. La sensation est si étrange que j’essaie de les chasser. En vain. Ils font partie de moi. Ils ont toujours fait partie de moi.
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Baduk. Je mets un pied maladroit devant l’autre. Je garde difficilement mon équilibre mais après quelques essais ça devient vraiment simple. Je me rends vite compte que l’on peut marcher en avant, en arrière et même en diagonale. Puis soudain, je m’agite en tous sens pour chasser un crabe qui a refermé ses pinces sur le tissu mauve de mon survêtement. A quelques mètres, un homme brun me regarde en souriant. La bienveillance qu’il dégage me rassure. Il s’approche, écarte doucement les pinces du crabe, le jette à l’eau et me prend par la main. Il m’entraîne vers le barrage de l’eau d’heure que je découvre pour la première fois. En quelques minutes, je me retrouve affublée d’un casque, d’une armure, d’un collier, de bottes. Une poupée à la chevelure blanche dans une main, un gourdin dans l’autre, je le regarde remplir mon coffre d’équipements et d’objets divers dont un tas d’or impressionnant. Il me reprend la main et m’emmène au bord de l’eau.
Attaque-le ! Me demande-t-il en pointant l’index vers un scorpion.
Hésitante, je lève mon gourdin et l’abat sur le sol. Le scorpion évite mon attaque avec une facilité affligeante. Je m’acharne et fait pleuvoir sur le pauvre animal une cascade de coups dont le dernier parvient enfin à l’atteindre.
Pas mal, lâche-t-il en plongeant d’un geste rapide la pointe de son épée dans la carapace d’un autre scorpion.
Ainsi commença mon premier entraînement, imitant (maladroitement) et suivant (comme son ombre) Krocker jusqu’à ce jour où le destin me déposa devant la porte de la chaumière près du Mordor. ********************
J’en déduisis que Krocker ne pouvait être que mon père… et c'est ainsi que...
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