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Quelques péripéties plus tard, Marquise se retrouvait enfin devant l’hypnotiseur Mélérys. Zaelyia lui avait bien fait un joli petit plan afin qu’elle ne se perde pas dans le labyrinthe du Mordor au dos du parchemin de l’homme en question, celui qui trouverait la solution au mal de Swmaster, c’est ce qui était bien inscrit en grosses lettres sur ce papier remis par sa sœur !

Mélérys, hypnotiseur agréé par l’Office des Sciences Occultes des Terres d’Argent
Chaumière ardente au sud du Mordor
Sans RDV
L’HYPNOSE EST VOTRE SOLUTION !

La couleur de ses yeux semblait avoir viré au noir face à ce vieil homme qui repoussait de manière impassible sa demande. Elle tapa du poing sur la table et se redressa en le menaçant du bout de son éventail.

« Vous allez me suivre jusqu’à notre repaire et vous allez hypnotiser swmaster, c’est écrit en gros ! L’hypnose est la solution ! Sinon mes consoeurs auront eu raison et vous n’êtes qu’un charlatan et là on saura que Krocker n’est pas le papa de ma sœur ! »

Son regard se fit alors implorant. Elle ne pouvait pas échouer et laisser swmaster aller aussi mal. Il pouvait à peine lever les yeux au ciel, depuis son retour son état avait empiré, l’inquiétant de plus en plus. Et s’il mourait et si l’étoile disparaissait qu’allait-elle faire ? Ils venaient à peine de se rencontrer…. Ils devaient faire tant de choses. Toutes ces pensées vinrent s’emmêler dans son esprit, elle se mit à ressentir le tournis et commença à vaciller. Oh la la… trop réfléchir… non non Marquise reprends toi !

« S’il vous plaît Monsieur Mérélys, venez avec moi, vous trouverez peut-être ce qu’il a, j’ai de quoi vous rémunérer grassement ! J’ai des poupées aussi qui me sont très chères ! » Quel sacrifice ! …mais heu…peuh !

Les paroles de la jeune fille auraient pu paraître incohérentes à n’importe quelles autres oreilles des Terres Argentées. Sauf que… le vieil homme, malgré son pendule et tous ces artifices destinés à satisfaire la soif de folklore de la plupart de ses clients, savait lire au plus profond des gens qui se présentaient à lui. Et en elle, il lut la conviction désespérée qu’il serait son sauveur, suivie de la déception immense qu’elle éprouva face à son refus. En soi, ce refus n’en était pas vraiment un, il masquait en réalité une réelle incapacité à prendre le rôle du soigneur miraculeux qu’elle recherchait. Pourtant…

Il hocha la tête dans un soupir. Il baissa la tête un instant et se mit à ronchonner. Je le sens mal… je le sens mal… Il déposa ses deux mains à plat sur la table qui les séparait et rapprocha son visage du sien. Je te suis puisque tu y tiens tant !
Prenant son appui, il se leva de sa chaise aux dorures surfaites et alla saisir une longue cape noire dans laquelle il se noya et ajusta rapidement un couvre-chef aux larges bords sur lequel il rabattit une énorme capuche. Son visage disparut dans les ténèbres à mesure que Marquise réalisait la décision du vieux Mélérys.

Elle se mit à sauter de joie et à le remercier à tout va.

La voix du vieil homme gronda alors. Tu me remercieras quand j’aurai aidé ton ami ! Si je le peux, pensa-t-il. Il comptait sur les brèves connaissances en magie noire acquises dans sa jeunesse, connaissances qu’il dut mettre de côté très vite devant la montée en puissance de l’opposition face à cette branche des arcanes méconnue, décriée et montrée du doigt comme de la sorcellerie de base… En attendant je te suis petite sotte !

Elle rentra immédiatement la tête dans ses épaules et se mit en route sagement vers le repaire.


Leur pas était devenu de plus en plus pressant depuis qu’ils pouvaient apercevoir le repaire à l’horizon. Une fois le seuil franchi, elle se mit à courir à toute allure dans les couloirs, prise par une panique soudaine. Quelque chose était étrange, elle le ressentait. Elle déboula à toute allure dans la chambre de swmaster et se stoppa net en sentant la maladie rôder dans la pièce. Son regard s’arrêta sur la masse inerte formée par le corps de son ami étendu sur les couvertures dont ils se servaient pour admirer les étoiles ensemble. Elle se précipita alors à ses côtés, apeurée, alertée par les lents battements de son cœur. Sa peau se révéla d’une extrême pâleur, ses joues s’étaient creusées, mais il semblait plongé dans un sommeil profond. Son souffle était lent et régulier lui aussi. Elle respira alors. Il n’avait pas succombé à cette maladie. Elle lui toucha le front, il lui sembla moins brûlant que lorsqu’elle l’avait quitté.
Elle lui chuchota à l’oreille. Tiens bon, je l’ai trouvé, il va t’aider, j’en suis sûre !
Elle se tourna vers l’hypnotiseur et lu fit un signe de chut avec son index posé sur ses lèvres.
Il l’avait suivie tant bien que mal. Debout au seuil de la porte, il reprenait son souffle. Cette gamine viendrait à bout de lui un jour, il en était sûr, mais il ne savait pas encore comment. Il s’éclaircit la gorge en portant une main serrée à sa bouche puis pénétra dans cette chambre déserte si ce n’était le corps inanimé de cet homme aux cheveux rouge flamboyant.