[Sans titre] ...

La jeune guerrière pénétra silencieusement dans sa chambre dont elle referma doucement la porte. Elle balaya la pièce du regard, tout était en ordre, chaque chose à la place qui lui était assignée, rangé, lisse, propre. Elle ouvrit son coffre. Toujours cette même lueur, ces pièces qui l'attendaient depuis déjà quelques temps. Elle se déchaussa, retira son équipement et laissa tomber le tout à l'intérieur. Elle se défit également de ses armes et les y déposa en soupirant.

Marquise...chut... tranquillité... je veux ça... un instant juste un instant seulement...

Le bruit des lames qui s'entrechoquent, leur chant si doux à ses oreilles se fit murmure et s'éloignait peu à peu. A la place résonnaient des paroles...

Elle referma le coffre en soupirant.

Puis elle s'allongea au milieu de la pièce, à même le sol sur lequel elle étendit ses bras tout en fixant le plafond. Aucune étoile à admirer, rien qu'une surface lisse rythmée par le passage des poutres de charpente. Ses yeux étaient grand ouvert sur un vide total....

Assis dans un coin sombre de la pièce, je regardais la jeune guerrière. Même pas un regard dans ma direction, elle devait être vraiment mal au point. Calmement, elle enleva se armes et s'allongea par terre. C'est vrai qu'elle est différente, elle savait bien que je ne pouvais être loin, et pourtant ça ne la gêne pas.
Je crois même qu'elle l'a toujours été. C'est bien ce qui m'a attiré chez elle.

Je la connais si bien, et pourtant, son regard a changé. Elle était complètement différente. Pour une fois, j'arrivais à apercevoir son âme, à comprendre ses sentiments. Même si elle conserve toujours cet aspect enfantin qui est omniprésent, elle a grandi.
Je m'approchais lentement d'elle, mettait une main sur sa bouche.
"Chut...Je t'emmène loin d'ici..."
Je passais une main sous son dos et la releva. Elle me regarda surprise mais ne dit rien. Pour une fois, elle allait me voir sous une autre forme.

Le slience retomba dans la chambre si ce n'est le bruit du vent qui s'engouffrait par la fenêtre grande ouverte.
Au loin, un chauve-souris planait au dessus des habitations, emportant marquise vers un endroit oublié, vers la citadelle abandonnée.

*Dans une chambre tout en haut d'une tour*

"Te voilà chez toi Marquise. Rares sont ceux qui peuvent accéder à cet endroit, mais dorénavant tu peux. Il ne reste que quelques survivants de mon peuple. Nous sommes liés, tu en fais donc partie. Garde cette clé avec toi, elle t'ouvrira les portes de nos forteresses.
Un dernier truc, la BA-titude n'était pas réservée à quelques rares initiés, on la trouve chez plusieurs personnes *tend un doigt vers son coeur* Tu l'as en toi. D'une certaine façon, t'es une Bellalliance toi aussi. Tu garderas tout ce qu'ils avaient de bien.
Prends ton temps, tu sauras où me retrouver à ton retour."

Il était là, elle le savait, elle le sentait. Elle n’attendait rien de spécial de sa part, ni de la part de quiconque pourtant. Il était là comme il l’était toujours en elle, juste pour elle. Il était là mais cette fois elle ne se réfugierait pas auprès de lui, elle ne lui demanderait rien.

Sa simple présence ne pouvait venir troubler cette soif si soudaine de calme. Tout son être réclamait cela, lui hurlait de faire taire ces questionnements, de se poser un instant afin de mieux repartir par la suite. Le vide s’agrandissait, englobant tout le reste peu à peu, les frontières n’étaient plus clairement définies, elles devenaient floues.

C’est alors que son ombre se pencha sur elle et posa sa main sur ses lèvres, seuls quelques mots s’échappèrent de sa bouche souriante. Elle plongea son regard dans le sien, intriguée, étonnée. Il savait, il sentait. Après tout ils étaient liés. Il n’avait pas besoin qu’elle se perde en explications désastreuses pour la comprendre. Elle lui obéit sagement comme à l’accoutumée et resta silencieuse, reconnaissante.

Voilà qu’elle était agrippée à une chauve souris. Ses yeux s’étaient écarquillés devant cette transformation soudaine, puis elle avait souri en découvrant cette nouvelle forme, presque émerveillée. Cet air qui lui fouettait le visage ne venait pas simplement se rappeler à elle, il venait balayer toutes les paroles. Elle posa son visage au plus près de son porteur, celui qui venait l’enlever à ces balbutiements adultes.

Ils étaient de retour dans cette citadelle. Elle l’avait reconnue de loin, cette tour qui se dressait fièrement sur les débris du Royaume qu’elle protégeait. Cette chambre où il avait cédé à ses caprices.

« Tu l’as en toi… tu es une Bellalliance toi aussi » avait-il prononcé doucement.

Elle ne savait pas bien ce que cela pouvait représenter. Elle savait que ce peuple était cher à son cœur. Elle voulut lui dire, lui crier que cela lui importait peu, que c’était surtout son sang qui était en elle, ce sang qu’elle avait réclamé, qui la faisait vivre et lui permettait toujours de se ressourcer. Elle se tut de peur de dire encore une bêtise mais surtout parce que ces paroles la ravissaient. Il lui ouvrait les portes de son royaume et le faisait sien.

Elle se contenta de serrer cette clef dans la paume de sa main puis elle détacha sa fine chaîne argentée sur laquelle elle fit glisser le précieux objet et l’ajusta de nouveau autour de son cou.

Elle retenait ses larmes, baissait la tête, honteuse de se montrer encore si faible face à lui.
« Tant pis » se dit-elle en venant se blottir contre lui. Un instant, juste un instant encore… perdue, encore… toujours Marquise… Les battements de son cœur étaient réguliers, quelque chose dans ce martèlement sourd, quelque chose qu’elle ne pouvait nommer, l’apaisait.
Elle sourit à l’évocation de leurs souvenirs, elle sourit de plus belle en songeant à leur rencontre puis à ce dernier moment ensemble dans cette même chambre.

« Alors toi aussi.... ».

Elle ne termina pas sa phrase et l’entraîna dans une ronde qui s’étendrait vers ces frontières intangibles et les bousculerait, une ronde qui se transforma en une danse faite de voluptueuses volutes.