Quelque part dans une auberge isolée, une jeune femme repose sur un grand lit.
Le rose de ses vêtements tranche avec la blancheur immaculée des draps.
Tout est paisible, elle semble endormie. Elle sourit presque dans son sommeil.
Inspiration…
Sa poitrine se soulève légèrement.
Expiration…
Ses narines dans un mouvement presque imperceptible expulsent un fin filet d’air.
Inspiration…
…
Expiration…
…
Et puis..... plus rien.
On dit que la rose ne vit qu’un jour pour compenser l’éclat trop puissant de sa beauté. Cette rose là s’en est allée sans bruit, sans grand fracas.
Pas de grands discours, pas de sang qui coule, juste le néant.
Même pas de vie qui défile devant les yeux, même pas d’adieux à tous ceux qu’elle a peu rencontrer et que pourtant elle a apprécié.
Un flamand rose entre par la fenêtre entrouverte. Sans bruit, il vient se pelotonner contre le corps sans vie. Que va-t-il devenir maintenant qu’elle est partie ? Elle a sûrement rejoint sa déesse adorée, cette Rose Suprême dont elle parlait. Elle est peut-être heureuse.
Une larme vient poindre au coin de l’œil du volatile. Elle glisse sur les plumes soyeuses et vient s’échouer sur la main de la jeune femme. Pas de réaction. Non cette fois elle ne reviendra pas.
L’oiseau se redresse. Il sait ce qu’il doit faire, trouver l’homme qui s’habillait parfois en rose, celui qui accompagnait souvent sa maîtresse. Il s’approche de la fenêtre, s’apprête à décoller, jette un dernier coup d’œil à la jeune femme. Il aperçoit alors une lettre sur la commode :
Mon ange,
Je viens de me réveiller en sueur. Une vision a perturbé les songes dans lesquels je me suis plongée depuis quelques temps. Je t’ai vu toi, ou plutôt pas vraiment toi… tu avais changé. Tu faisais presque peur. D’habitude si éclatant, tu étais devenu plus noir que la nuit. Je me suis approchée, ai posé doucement ma main sur ton épaule. Tu t’es retourné et j’ai vu deux yeux rouge et plein de haine me regarder. Le réveil a été brutal.
Maintenant, j’ai peur qu’il ne te soit arrivé quelque chose. J’aimerais tellement que tu puisses me rassurer, me dire que l’Olympius sombre et haineux que j’ai vu n’est qu’une chimère, que tu es toujours mon ange soigneur adoré qui n’est qu’amour et bonté.
J’aimerais faire quelque chose pour t’aider, mais je suis bien trop faible, ces rêves m’épuisent. Je les sens déjà qui me happent à nouveau.
N’oublie pas que je t’aime par dessus tout et bien au-delà des barrières oniriques qui m’emprisonnent. Si je suis trop faible pour t’aider, notre amour lui est puissant et pourra peut-être te sauver.
J’espère avoir de tes nouvelles avant de m’endormir à nouveau.
Je t’embrasse.
Roxane.
Le flamand rose prend la lettre dans son bec et déploie ses ailes.
A quoi ressemblait-il déjà cet homme ?