Une citadelle abandonnée

Tout tombe dans l'oubli. Les blessures les plus profondes, les histoires les plus marquantes, les empereurs les plus célèbres, les guerriers les plus redoutés...La liste est bien trop longue.
De temps en temps, des souvenirs d'un ancien temps nous reviennent, des légendes racontées dans les auberges, des contes de batailles féroces, d'assassins redoutés, de peuples disparus, d'un troll bavard d'une force terrible, de l'empire des Lodoss et de leur chef Imboro, des gardiens des enfers, des Solms guidés par leur chef Vorach, des Rebels, d'un prêtre de krââl, de la joyeuse compagnie que formait les swat, des fsmd et autres vrai barbares, d'un guerrier philosophe disparu...J'en oublie surement. Ils sont apparus un jour, ils ont marqué ces terres par leurs aventures, et ont finit par disparaitre dans d'autres mondes. De nos jours, il ne reste que leurs écrits, les oeuvres qu'ils ont fondés et les histoires des vieux. Seuls persistent ces demi dieux dont on craint la puissance, décuplée de jour en jour. Ces demi dieux qu'on convoite pour leurs richesses. Ces princes qui ne marquent que les esprits des plus avides.

Je passe une main sur cet instrument qui a vu passer tant de générations. Je sens la rugosité du tissu, les sillons laissés dans le bois par tant de mains. Je vois les taches rouges, j'imagine les musiciens qui ont joué jusqu'à s'écorcher les mains, exaltés par leur cause. Je me rappelle la nuit ou je l'avais pris pour appeler mes frères, à l'annonce d'une nouvelle bataille.
Je laisse avec regret cet objet pour jeter un coup d'oeil dans la grande chambre. Les meubles avaient disparus. Il ne restait plus qu'un lit, trop grand pour être transporté. Les toiles d'araignées envahissaient les différents recoins de la pièce, désertée depuis longtemps.
J'ouvre la fenêtre pour contempler une dernière fois le paysage. Au dela des champs noirs, brûlés, je distinguais le mont stormy. Du haut de cette tour, j'attendis patiemnent le coucher du soleil, le dernier que je verrais d'ici, avant de tout refermer et redescendre ces escaliers que j'ai maintes fois emprunté. Plus un signe de vie dans cette forteresse, si ce n'est les récents messages d'une marquise, inscrits çà et là sur les murs.

L'escalier touche à sa fin, ainsi que mon séjour ici. La porte d'entrée grinça en se refermant. Les verrous bloquait l'accès aux intrus. Cet endroit sera sauvegardé, à l'abri de tout, et tombera lui aussi dans les méandres de l'oubli.